Si le film de Kamini est bien accueilli, de nombreux villageois lui reprochent de ne pas avoir tourné de scènes dans la commune.
« Bienvenue à Marly-Gomont » a cette particularité d’évoquer un village dans lequel aucune scène du film dont il porte le nom, n’a été tournée. Si le spectateur lambda n’y verra rien à y redire, cet aspect n’est pas passé inaperçu dans la commune de Thiérache où Kamini a passé toute son enfance. Et cela fait grincer des dents.
La rue de la Poterie, l’artère principale du village, ne recèle d’aucuns signaux apparents de « Kaminimania », en ce mercredi 8 juin, jour de sortie nationale du biopic de Kamini. Tout juste voit-on Maryse, la coiffeuse, sortir fièrement l’affiche du film, gracieusement donnée par les producteurs lors de leur passage dans la commune mercredi 1er juin. Bien évidemment, ce film est l’objet de toutes les discussions dans le village, où reviennent indistinctement deux sentiments bien ambivalents.
Le premier, que Seyolo Zantoko, le père de Kamini, a marqué durablement le cœur des habitants. On ne tarit pas d’éloges sur « ce vrai médecin de campagne comme on n’en fait plus. Il ne comptait pas ses heures, travaillait jusqu’à 22 heures le soir, et se déplaçait même le dimanche. Il arrivait même à s’approprier les patients des autres médecins », confie Simonne.
Sur ce point, difficile de trouver quelqu’un dans le village susceptible de dénigrer l’image laissée par le médecin. Sauf peut-être Jacques, qui n’a jamais compris pourquoi le docteur Zantoko a, un jour, préféré rédiger une ordonnance « à une jeune femme qui était tombée devant chez moi, alors que la première chose à faire était de lui demander de se déshabiller, d’autant qu’elle avait tout là où il faut. Je lui ai dit ce jour-là que c’était un mauvais docteur ! »
« À Marly, il faut gagner la confiance des gens »
Là ou le bât blesse, c’est que les Marlysiens ne retrouvent rien dans le film, qui leur rappelle leur village actuel. « Je pense qu’ils auraient pu tourner quelques scènes ici, c’était primordial, pour que les gens repèrent l’endroit », estime Claudine. Sarah, jeune Marlysienne, « a tout adoré dans le film. Le côté nul, c’est qu’il n’a pas été tourné ici. J’aurais aimé participer au tournage. » Maryse est plus catégorique : « J’irai voir le film pour mes petits-enfants, il met en avant Marly-Gomont mais il ne fait rien pour le village. Il pourrait faire un don, ou au moins venir filmer dans le village. »
Un grief qui ne les empêchera pas, pour la plupart, d’aller voir le film, si ce n’est déjà fait. Quant à la question du racisme dont ont été victimes Kamini et sa famille lorsqu’ils ont débarqué en Thiérache, les Marlysiens ne l’éludent pas. « Le film explique bien que quand on arrive à Marly, il faut gagner la confiance des gens. Et en plus, ils avaient le handicap de la couleur de peau. La méfiance existait », se souvient Maryse, qui espère que le film «donnera l’image d’un village vivant ». Un message repris par le maire du village Dominique
elache, pour qui « le clip de Kamini avait mis un coup de projecteur sur la commune. Son film met clairement en avant ses habitants, et l’accueil picard. »
Ils auraient juste souhaité montrer eux-mêmes la qualité de cet accueil.
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