Dans la cour du pavillon central au toit de verre majestueux, c’est une multitude de portes qui défilent sur trois étages. Les peintres terminent de poser au pochoir les numéros devant chacune de ces nombreuses portes. Des habitations privées, aux premières salles publiques, le visiteur comprend Godin et sa perception unique de la société et de l’habitat dès son arrivée.
Avec le nouvel espace muséographique qui double largement l’espace existant, la démarche va encore plus loin. Le syndicat mixte qui gère les lieux offre une vision mondiale de l’habitat en commun avec une large place aux fondamentaux Godinistes, le tout alliant l’ancien au moderne, les matériaux traditionnels côtoient les bornes multimédias.
Au rez-de-chaussée, l’ancienne épicerie devient un magasin de productions alliant à la fois une salle de conférences et de projections voire une salle de concerts avec 76 places disponibles dont trois réservés au public handicapé, le site est d’ailleurs entièrement aux normes dans ce domaine.
Des références architecturales en maquette
D’étages en étages, d’appartements en appartements, en poussant les portes fraîchement repeintes, les univers des lieux sont différents suivants le concept proposé. Les salles d’expositions temporaires ou permanentes offrent une importante luminosité par le jeu de murs blancs tout en conservant des sols à l’identique dans certaines parties de ces anciens appartements au vécu si prenant.
Pour mieux comprendre la démarche architecturale du palais social, une pièce nous offre une sorte de comparaison du système social similaire à Godin. Il est en tout cas directement inspiré du précurseur. Sept maquettes de bâtiments à travers le monde, du Japon à la Russie en passant par les Pays-Bas permettent d’avoir cette vision de part le monde, véritable fil conducteur de la visite des lieux.
Les Guisards apprécieront incontestablement cet espace du 3e étage où sont exposées quelques belles pièces d’appareils de chauffage d’après-guerre, même un réfrigérateur de la marque Godin datant des années 1960 dont la fabrication devait permettre de diversifier l’offre. Ce fut un échec.
L’espace consacré à l’aventure du Familistère jusque-là fin de l’aventure en 1968 nous transporte dans différents appartements reconstitués où le modernisme de l’époque trône dans une ambiance vintage. Fauteuil rouge et poste de télévision en sont les témoins majeurs.
Parmi ces nombreux nouveaux espaces, Paroles du Familistère reste un des plus surprenant avec des totems interactifs donnant la parole aux gens sur le Familistère. Mais c’est incontestablement dans les hauteurs du lieu que la constellation de l’utopie invite à réfléchir à nos sociétés rêvées, une manière d’amener le visiteur a une véritable réflexion sur la société que nous avons bâtie.
Cette vaste salle intitulée Les fabriques de l’utopie est une enquête inachevée sur les essais des sociétés dans le monde. Le conservateur des lieux, Frédéric Panni y voit, « une respiration différente dans le parcours muséographique. » Cet espace est complété par la table des récits, un endroit interactif sur l’histoire et la fabrique d’objets de l’utopie, « ça fait 6 ans qu’on travaille sur cette section unique au monde. ça représente des milliers d’heures. »
Le public va pouvoir choisir l’endroit de l’utopie qu’il souhaite découvrir sur une mappemonde tactile et voyager ensuite sur grand écran à travers une documentation en rapport au choix qu’il aura fait.
L’œuvre de Godin ici reconstituée et analysée prend une nouvelle dimension, celle de l’utopie réalisée.
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