dimanche 6 mai 2018

À Guise, 1968 sonne aussi la fin de l’aventure Godin

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C’est jour de fête au Familistère et pourtant, il y a un demi-siècle, on enterrait l’âme de Godin. On se presse ici à la salle 19 du Central pour venir écouter cette aventure qui a duré près d’un siècle. Toute une scénographie retrace l’association coopérative du capital et du travail créée en 1887.

La fin était-elle inévitable ? En tout cas, elle semblait prévisible. La guide parle de cause économique et sociale qui fait que tout s’arrête. «  Après les bombardements durant la Première Guerre mondiale, l’usine est reconstruite à l’identique et quand le dernier administrateur décide d’investir dans l’outil de travail, il est déjà trop tar
Ironie de l’histoire, c’est par pur intérêt économique que Le Creuset, de Fresnoy-le-Grand, rachète la marque Godin et les bâtiments qui vont avec deux ans plus tard.

Le diable s’habille en société anonyme

Guy Delabre maîtrise bien le sujet. Président de la fondation Godin, ancien professeur à l’université de Reims et directeur de l’IUT, ne peut s’empêcher de vivre cet échec comme «  une douleur car l’entreprise a fonctionné en autogestion pendant un siècle et vend son âme au diable pour se voir transformer en société anonyme. Godin devient sous traitant du Creuset et se positionne sur le haut de gamme avant d’être revendu aux cheminées Philippe il y a vingt ans.  »
Pour lui, rien n’a été anticipé. «  Il aurait fallu avoir un regard éclairé sur l’entreprise de la part des actionnaires car déjà en 1966 se pose la question de la suite. Cette même année, les marques concurrentes comme Arthur Martin ou de Dietrich refusent un partenariat avec l’entreprise Godin.  »

Manque d’investissements

Au début des années 60, l’entreprise perd de plus en plus de marchés. Oui, elle fait un produit solide mais ne se renouvelle pas, n’investit pas. Les stocks s’accumulent. Les banques ne veulent pas prêter d’argent. Le nombre de salariés est divisé par deux. À côté de cela, il faut continuer à gérer le lieu de vie et tous ses avantages. On perd de l’argent avec des loyers dérisoires demandés aux ouvriers et perçus par l’association sans parler du coût des mutuelles à payer.
Dans les années 1950, globalement, l’usine Godin fonctionne encore comme au XIXe siècle et la prospérité du moment fait oublier la réalité aux actionnaires qui vantent toujours le bon vieux poêle à charbon pourtant en perte de vitesse.

De l’idéal socialisme...

Pourtant, tout avait si bien commencé en 1880 avec la vision de l’idéal socialisme de Godin qui organise une réelle solidarité entre ses membres par la participation du capital et du travail dans les bénéfices. Les salaires augmentent de 30 % et le temps de travail diminue. Il avait fallu dix ans d’expérimentation à Godin pour mettre en place cette démarche.
Le fondateur du Familistère prend pour base de répartition proportionnelle des bénéfices la somme des salaires des travailleurs, et d’autre part la somme des intérêts du capital. Un franc de salaire du travail vaut autant qu’un franc d’intérêt du capital. Pour les travailleurs de l’association godinienne, la répartition ne se substitue pas au salariat, mais vient en quelque sorte s’y greffer. Les bénéfices sont distribués en espèces aux détenteurs de capital et en certificats d’épargne pour les travailleurs.

... à l’aristocratie industrielle

Les associés auxiliaires (employés) forment l’assemblée délibérante de l’Association. Tous doivent être âgés d’au moins 25 ans, résider au Familistère depuis cinq ans, travailler pour le Familistère et ses usines depuis cinq ans, savoir lire et écrire, et détenir une part du fonds social égale au moins à 500 francs. Au fil du temps, la nature humaine reprend ses droits : Guy Delabre parle de « castes de privilégiés » qui étaient les associés et qui représentaient une centaine de salariés sur 600.
À la mort de Godin, les associés deviennent une sorte «  d’aristocrates industriels  » et la gestion par l’épouse de Godin ne va pas tenir longtemps. Ne deviennent associés que les fils d’associés. Le 22 juin 1968, l’assemblée générale extraordinaire des coopérateurs prend la décision de dissoudre la société du Familistère et de transformer leurs titres d’épargnes en actions. Si la coopérative et l’utopie Godin disparaissent, les emplois à l’usine, eux, sont maintenus...............   LIRE SUR LE JOURNAL L'AISNE NOUVELLE .......................  À Guise, 1968 sonne aussi la fin de l’aventure Godin http://www.aisnenouvelle.fr/73187/article/2018-05-06/guise-1968-sonne-aussi-la-fin-de-laventure-godin


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