dimanche 21 août 2016

Sains-Richaumont : Dur de faire du blé cette année en Thiérache

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A cause d’une pluviométrie impressionnante, Rémi Mulet, agriculteur au GAEC de la Vieille Grange à Sains-Richaumont, prévoit de récolter seulement 60 % de son volume de blé habituel.


Un problème climatique

Ce jour de début août, Rémi Mulet nous montre une partie du blé qu’il est actuellement en train de récolter avec un profond désarroi. « Regardez, il est tout flétri alors qu’il devrait être rond et charnu. Il souffre de fusariose à cause des pluies très abondantes de juin notamment, où il a plu 17 jours sur le mois. La pluviométrie cette année est trois fois plus importante qu’habituellement. L’humidité permanente fait que le blé ne sèche pas et cela favorise les maladies. En 35 ans de carrière, je n’ai jamais vu ça », déplore l’agriculteur, qui prévoit cette année un rendement de son blé à hauteur de seulement 60 % du niveau habituel. « Sur un hectare, il faut compter 500 à 600 euros de pertes environ » estime Rémi Mulet. Selon lui, avec ce mauvais temps, les agriculteurs qui cultivent dans la moitié nord de la France auront du mal à être compétitifs sur le marché mondial du blé face à des pays comme l’Ukraine par exemple où les conditions climatiques ont été beaucoup plus favorables. « L’agriculture a besoin de saisons assez marquées », explique Rémi. Il est vrai que l’hiver assez doux et le printemps/été pluvieux font de 2016 une année particulière en termes de climat.

Une agriculture de convictions

Rémi est associé à Paul Heraud au sein du Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) de la Vieille Grange à Sains-Richaumont. A eux deux, ils combinent culture (blé, colza, orge…) et élevage (lapins, bovins) et emploient 4 salariés. Ils défendent une agriculture plus solidaire que productiviste. « Sur une exploitation de cette taille, certains feraient travailler à peine 2 personnes mais nous, nous avons choisi de préserver les emplois car nous avons des convictions. On ne peut concevoir de bâtir notre économie en misant sur la disparition des autres. C’est pourtant ce qui arrive autour de nous. On est passé de 2 millions d’agriculteurs dans les années 60 à 400 000 aujourd’hui », déplore Rémi Mulet, unique représentant de la Confédération paysanne à la Chambre d’agriculture de l’Aisne. 

Un problème politique

Une disparition progressive due selon lui en partie à une mauvaise politique menée par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en cogestion avec le gouvernement. Rémi Mulet ne s’est pas gêné pour le dire à Manuel Valls lors de son dernier déplacement dans l’Aisne en 2015. « Le monde agricole est pourvoyeur d’emplois. Encore faut-il être capable de les aider et de les défendre… » lui a-t-il lancé. Selon Rémi Mulet, au lieu de simplifier la vie des agriculteurs français, on la complique avec toujours plus de contraintes et de charges. »Concernant le coût de la main-d’œuvre, nous avons des charges doubles par rapport aux pays voisins. On assiste à un empilement extraordinaire de réglementations. Comment être compétitif quand on doit embaucher un comptable pour être en règle ? Nous avons des politiques incompétents qui ont de grandes théories mais qui ne connaissent pas le terrain », déplore-t-il. Rémi Mulet fustige également le projet de traité transatlantique (TAFTA) qui prévoit de faciliter les échanges entre Union européenne et Etats-Unis. « C’est de la fumisterie. C’est pour que les Etats-Unis puissent nous refourguer leurs OGM et autres viandes aux hormones », assure-t-il.

Quel avenir ?

L’avenir ne s’annonce pas rose, selon Rémi. Il paiera ses employés mais ne gagnera rien cette année. Tout en devant réinvestir dans des engrais, semences, désherbants pour la suite… C’est la survie. Et même une très bonne saison 2017 ne lui permettra que d’éponger les dettes de 2016. De plus, le temps n’a pas permis d’assurer des réserves de foin de bonne qualité pour nourrir les bêtes en hiver. « Sans une juste mesure prise prochainement, ça va être l’hécatombe dans le monde agricole. Malheureusement, je ne me sens représenté par aucun candidat à la présidentielle actuellement. Je ne crois plus à leurs promesses » lance Rémi Mulet, quelque peu dépité.
http://www.la-thierache.fr/2016/08/11/dur-de-faire-du-ble-cette-annee-en-thierache/

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