Le Familistère a deux jardins, l’un maîtrisé l’autre sauvage. Le jardin de la presqu’île se visite librement et à toute heure. Le jardin d’agrément mérite son guide.
Le Familistère est connu pour l’utopie qu’y a fait vivre Jean-Baptiste Godin, son créateur. Une utopie qui s‘étend jusque dans son jardin d’agrément.
« À l’origine, Jean-Baptiste Godin a acquis la parcelle du jardin pour lui », explique Jérôme Caron, guide au Familistère. « Mais, très vite, il en fait une zone tampon entre l’usine Godin et le palais social. » L’endroit, d’une surface de 1,2 hectare, est voulu comme un lieu de détente « pour apporter un peu de végétaux dans ce milieu minéral », mais aussi comme un lieu de production communautaire avec un potager. Laissé à l’abandon dans les années 1980, il a été totalement refait entre 1998 et 2000. « L’objectif était de retrouver la volonté qu’avait Godin d’en faire cet espace d’agrément. »
Une culture maîtrisée pour un jardin « culturé »
Aujourd’hui, en entrant dans ce jardin on retrouve le potager. « Il n’a plus cette fonction de production communautaire. Il est utilisé comme potager pédagogique pour les visiteurs. » Le jardin compte entre 150 et 200 espèces de fleurs différentes. Si certaines sont présentes pour leur attrait esthétique, d’autres le sont par intérêt écologique. « Nous utilisons très peu de produits phytosanitaires, juste pour désherber les allées une fois, voire deux, par an », poursuit Christophe Graignon, jardinier du Familistère, prompt à répondre aux questions des visiteurs. « Pour éviter les parasites, insectes, on associe différentes variétés de plantes. Les œillets d’Inde protègent les choux et les tomates en repoussant les parasites du potager, les capucines attirent les pucerons et les détournent des autres fleurs. » Ce souci écologique est aussi dans l’origine du jardin en 1858. Le jardin compte trois bassins, le premier d’eau stagnante, le deuxième d’eau bouillonnante et le troisième d’eau jaillissante.« Quand le jardin a été créé, la serre chauffante qu’il abrite était déjà présente. elle était alimentée par les eaux chaudes qui servaient au refroidissement de l’usine. Ensuite cette eau passait dans les trois bassins et servait à l’arrosage. Le développement durable avant l’heure » reprend le guide.
Le jardin d’agrément est dominé par un hêtre pleureur. Un hêtre sur lequel les jardiniers du Familistère ont greffé, il y a environ 200 ans, un saule pleureur. Sous sa calotte verte et à côté du bassin d’eau stagnante, se trouvent une statue d’Amalthée et la chèvre de Jupiter. «Le jardin a aussi été conçu comme un lieu pour s’ouvrir l’esprit et s’épanouir intellectuellement. » Jérôme Caron continue de détailler les secrets de ce jardin, tout en poursuivant la visite vers la presqu’île.
La presqu’île ou le jardin sauvage
Ce deuxième espace, conçu en 2004, au bord de l’Oise, se veut plus sauvage. Il reprend les caractéristiques du bocage de Thiérache. Des haies dessinent les contours de parcelles triangulaires. Ici pas de sentier, mais une piste d’herbe tondue. Par endroits, on trouve des mosaïques à même le sol, ce sont des tables, sur lesquelles il est possible et même conseillé de s’installer pour pique-niquer. On y trouve aussi des vestiges de l’histoire guisarde, comme le pont où passait autrefois la voie ferrée reliant l’usine Godin à la gare de Guise, démantelée dans les années 1960.
Ces deux jardins voient fleurir les fleurs et perdurer les vestiges du passé, comme le mausolée, où repose le créateur de cette utopie, et qui, juché sur les hauteurs du jardin d’agrément, semble encore surveiller les lieux.
Le jardin d’agrément est ouvert au public de 10 à 18 heures, d’avril à octobre, et de 10 à 17 heures, de novembre à mars. La visite libre est gratuite, la visite guidée est à 9 € en tarif plein, 6 € tarif réduit, et gratuite pour les moins de 6 ans. Le jardin de la presqu’île est en accès libre.
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