C’est, sans nul doute, le record dans un laps de temps aussi court. Marcy, 173 habitants à 9 km à l’est de Saint-Quentin, n’a pas échappé à la vague de cambriolages.
C’était l’été dernier. Entre deux et quatre heures du matin, des malfaiteurs ont visité quatorze propriétés, sans éveiller le moindre soupçon. Ils ont notamment pillé des cabanons de jardin, là où les victimes ont entreposé de l’outillage, souvent très cher. Se sont envolés en quelques minutes des débroussailleuses, des jerricans d’essence, des motoculteurs.
« Ils ont bousillé tout mon garage », se rappelle ce retraité. Désormais, chaque nuit ou presque, il se réveille et jette un œil dans son jardin, histoire de s’assurer que personne ne tente de le cambrioler de nouveau.
La particularité de cette attaque aussi soudaine qu’expéditive, à Marcy, c’est que les malfaiteurs ont visité un seul côté de la rue du Lieutenant-Colonel Lesur. Celui dont les jardins donnent sur un vaste terrain privé, bordé de peupliers.
Au-delà, c’est une vue imprenable sur les champs. Aucun vis-à-vis ne vient troubler les personnes malintentionnées. Pourtant, quelques jours avant cette razzia, cette victime a tout de même douté. « Il y a eu un camion qui est passé distribuer des prospectus, sur un seul côté de la rue. Ce qui est sûr, c’est que c’étaient des gars qui connaissaient. »
Le village dans le dispositif Voisins vigilants
Quelques semaines auparavant, pourtant, le village est venu gonfler le dispositif des « Voisins vigilants ». Un de plus. La plupart des communes du Saint-Quentinois ont signé la convention avec la sous-préfecture. Ici, c’est le maire et ses deux adjoints qui jouent le rôle de référents. « Nous allons essayer d’en trouver un autre vers le centre du village », explique-t-on en mairie.Ce n’est pas, bien sûr, ce qui évitera de nouveaux méfaits, d’autant plus que maintenant, les cambriolages, ce n’est plus forcément la nuit mais aussi la journée. Les Voisins vigilants ne sont pas toujours cachés derrière les fenêtres à observer les allées et venues qui peuvent paraître suspectes. Encore cette semaine, à Villers-Saint-Christophe, Castres et Séraucourt-le-Grand (pour n’évoquer que le Saint-Quentinois), les gendarmes ont recensé des cambriolages ou des tentatives. Les dossiers s’accumulent dans les brigades. « Nous avons toujours l’impression qu’il ne se passe rien mais lundi soir (lors d’une réunion d’information à Homblières, ndlr), le lieutenant Fayeulle (commandant de la communauté de brigades de Saint-Quentin) a laissé entendre qu’il y avait eu des avancées », ajoute la secrétaire de mairie de Marcy.
Le fusil pointé sur le cambrioleur
Tranquillement occupé à bichonner son jardin, cet homme de 83 ans a lui aussi été « visité » cet été. « Ils ont coupé le cadenas mais ils n’ont eu le temps de rien pendre, je me suis barricadé. » Voici deux ans, rapporte l’octogénaire, des malfaiteurs ont essayé de pénétrer chez lui. Ils ont cassé une fenêtre sur l’arrière de sa maison en jetant une pierre. Sorti de son sommeil, l’homme descend. Pas le temps de mettre de quoi s’habiller. Un homme était en train d’escalader sa fenêtre.« J’ai pris mon fusil de chasse et je lui ai dit, vas-y, entre. » Voyant le canon pointé sur lui, le cambrioleur n’a pas demandé son reste et s’est sauvé. « Les gendarmes m’ont dit que j’avais bien agi. » Pour la petite histoire, l’octogénaire assure que son arme n’était pas chargée.
La visite nocturne a laissé des traces. Psychologiques, notamment. Sa femme ne trouve pas le sommeil facilement. Car peu de ces méfaits se terminent devant le tribunal correctionnel. Il est souvent difficile, voire impossible de remonter jusqu’à la trace des cambrioleurs, sauf s’ils sont pris sur le fait ou qu’ils récidivent. La femme de l’octogénaire, quand on lui parle des Voisins vigilants, donne son impression brute de décoffrage : « À quoi que ça sert ? »
http://www.lunion.fr/node/651567
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