dimanche 28 juin 2015

L'Utopie au Familistère de Guise ! Le regard de Georges Rousse

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En avril 2000, la Bibliothèque nationale de France avec Utopie. La quête de la société idéale en Occident explorait « le thème de l'utopie comme une occasion de s'interroger sur le rôle de l'imagination, voire de la fiction, dans la construction de l'avenir, d'en réactiver les plaisirs et l'usage, d'en exposer l'histoire, tout en tirant les leçons d'un siècle qui vient de finir ». Depuis Libellus vere aureaus nec minus... Insula Utopia ou Utopie (de u-topie : non-lieu) de Thomas More en 1516, décrivant une île imaginaire aux confins du monde, cette quête a inspiré les voyages, nourri les espérances du siècle des Lumières, les réflexions sociales au XIXe siècle des Saint-Simoniens, de Barthélemy Prosper Enfantin, du Phalanstère rêvé de Charles Fourier. Jusqu'à ce que la question du rêve tourne au cauchemar au XXe siècle.
 
De la concrétisation palpable de l'utopie, le Palais social ou Familistère de Guise, édifié opportunément à quelques mètres de son usine en 1859 par Jean-Baptiste André Godin, ayant fait fortune dans la fabrication des poêles en fonte, en est la démonstration. D'un côté le lieu du travail, de l'autre cette maison de verre collective dans laquelle vivaient 2 000 personnes sous le regard de l'autre. Qu'en est-il de cet endroit aujourd'hui ? Retour au présent avec Georges Rousse (né en 1947 à Paris) lequel, répondant à l'invitation de venir travailler dans ce lieu de l'univers utopique, a appréhendé le pavillon central et, dans l'aile gauche les appartements vides et l'escalier en cours de restauration.
Investi la vaste cour rectangulaire du pavillon central recouverte d'une verrière, ce lieu emblématique du familistère, en y édifiant la copie à la taille réelle, avec une double anamorphose, du pavillon d'angle des économats, « une proportion idéale pour occuper la cour et n'obturant pas l'espace car construit de lattes de bois [dans] une idée de faire cohabiter cette architecture avec le vide de la cour » comme il le souligne. Investi l'aile gauche en associant trois formes géométriques très simples – carré, cercle, triangle - ou y entant le mot Utopia en larges lettres bâtons sur les murs couverts de papiers peints ou de panoramas propices à l'évasion et très années 1960, de ces appartements aux sols en linoléum. Partout, naturellement, un poêle Godin, avec lequel il joue, le peignant de blanc comme pour le gommer.
Travail photographique présenté par ses œuvres récentes, produites in situ au familistère et à la maison de Jeanne dans le domaine de La Grenouillère à Montreuil-sur-Mer. Et des œuvres anciennes, des années 1984 à aujourd'hui, de cet arpenteur de la terre, un appareil photographique et un pinceau à la main, se confrontant à des architectures différentes, d'un établissement monument historique tel le château de Chambord à la maison abandonnée de la mère du peintre Fernand Léger, de Palerme à Paraty, de Luxembourg à Broglie, de l'entrée d'une maison à Harlem à Laroque Timbaud, de Paris à Rüsselsheim, d'un escalier de Tokyo à la Base sous-marine de Bordeaux. 

Travaillant toujours à l'intérieur d'un endroit en devenir, en mutation, destiné à perdre sa mémoire du fait de sa destruction, de son abandon ou de sa friche, Georges Rousse insiste sur la constance de sa démarche car, « depuis toujours, je suis attiré par les lieux qui vont disparaître, et ces lieux, le temps de la création des œuvres, deviennent mon atelier. ». Un lieu - maison, entrepôt, usine - dont il manipule la réalité en peignant les murs pour en transformer la vision par le prisme de sa captation photographique anamorphique. De cette manipulation du réel et de sa transformation, de cet éphémère, sa photographie en demeure la mémoire.

De son intervention sur le site de Guise, Georges Rousse nous en livre les secrets de fabrication, avec le bâtiment des économats reconstitué et l'escalier sur lequel il est intervenu. A nous de trouver maintenant le bon angle de vue pour tenter de reproduire la photographie qu'il en tira.
 
Utopia. Georges Rousse
12 mai – 20 septembre 2015
Familistère de Guise - 02120 Guise
Tél.: 03 23 61 35 36
Catalogue, 95 pages, 50 reproductions. Éditions du Familistère. Prix : 24,80 euros.
Le film sur la résidence de Georges Rousse au Familistère entre novembre 2014 et mars 2015, réalisé par Christian Boustani, est diffusé pendant toute la durée de l'exposition.
 
 

 

L'utopie dingo du familistère par PersonneNeBouge


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