jeudi 4 septembre 2014

Cent ans après, la Bataille de Guise retrouve sa place dans l’histoire

Tragédie humaine oubliée des manuels, la bataille de Guise ne serait pas un déni d’histoire mais un non-lieu de mémoire. L’hypothèse avancée par Erwann Le Gall, vendredi soir lors d’une passionnante conférence, permet de mieux comprendre ce fait historique presque passé à la trappe.
Fondateur du cabinet d’ingénierie mémorielle et culturelle En Envor, le maître de conférences démontre, élément par élément, que rien n’a jamais été réuni pour que cette bataille reste dans la mémoire collective : « Oui, l’histoire est connue mais n’a pas été transmise. Il n’y a donc pas de mémoire mais en aucun cas on ne peut parler de déni d’histoire . »
Il rappelle le contexte de cette bataille de l’oubli. La première différence de taille est le nom de la bataille, différente qu’on soit côté Français (c’est la bataille de Guise) ou allemand (c’est la bataille de Saint-Quentin). Se succède ensuite un contexte qui ne joue pas en la faveur de cette bataille : les hommes sont sales et épuisés, la météo complique tout, la transmission de l’information est trop longue, les chefs d’armée se haïssent, aucun document photographique du champ de bataille n’existe... Sans parler du désaccord profond entre historiens. Voilà autant d’éléments minutieusement détaillés et livrés à une assistance en haleine qui tient là de quoi se faire sa propre opinion sur la bataille. « Cette bataille de Guise est une bataille aveugle. Il y a un épais brouillard sur ce 29 août 1914. L’ennemi est invisible et le fait qu’aucune photo puisse être prise pèse sur la réception de la bataille et ça joue sur les conditions de réception du souvenir. Qu’est ce que vous voulez qu’on se souvienne d’une bataille où on ne voit rien et on ne comprend rien ?
Le spécialiste rappelle aussi que Guise est pris en tenaille entre la bataille de Charleroi et la première bataille de la Marne qui elle reste dans toutes les mémoires.
Erwan Le Gall évoque le désaccord entre le maréchal Joffre et le général Lanrezac (Cazernal de son vrai nom) à la fois sur la stratégie à mener mais aussi sur leurs ambitions politiques. Lanrezac est limogé le 3 septembre 1914. Un spectateur pousse la théorie de la bataille oubliée en évoquant le nom de ville déjà trop célèbre par ces Ducs.
En conclusion, Erwan Le Gall, s’étonne qu’aucune biographie ne soit éditée sur le général de la Ve Armée, victorieux à Guise en cette année du centenaire et fait le vœu que la bataille retrouve toute sa place dans l’histoire de France, « être là aujourd’hui et participer aux commémorations durant ces trois jours à un sens et c’est ce qu’il faut retenir . »
 

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