Le poids de l’Histoire est prégnant. Autour des porte-drapeaux et des gerbes de fleurs, un vétéran essuie une larme. « Vadencourt n’a jamais oublié cette journée », résume le maire Danielle Le-Bitouzé, visiblement émue.
Cette journée de 1944, c’est celle où un officier allemand entre dans une grange pour y chercher du beurre. Il y tombe sur 300 maquisards qui se cachaient là. L’un d’eux lui jette une grenade, mais dans la panique, oublie de la dégoupiller.
L’Allemand sort son arme, tire, et blesse le jeune homme avant de s’enfuir. Les 300 résistants le poursuivent et le tuent, avant d’être à leur tour pris en chasse par l’occupant. La répression sera particulièrement féroce, les Allemands étant d’autant plus furieux qu’ils n’avaient pas vu venir ce rassemblement de résistants.
Une histoire douloureuse retracée par le passionné Jean-Marie Caudron, et vécue chaque jour par les descendants et témoins de ce jour tragique.
« J’avais un pistolet et une mitraillette pointés sur moi, mon père était sur le peloton d’exécution, c’est ma mère qui m’a sauvé avec des photos prouvant que j’étais du village, et donc pas un maquisard », se souvient Pierre Cornu, un natif de Vadencourt qui avait 19 ans à l’époque.
Tous n’auront pas cette chance. « Les Allemands ont vu un homme âgé du village qui tentait de s’éloigner en boitant, on l’appelait Jojo. Ils l’ont mis en joue et abattu dans la rue. Par la suite on a pris une charrette et mis les corps dedans avant de les porter en ville, avec un cheval », se souvient, ému, le seul témoin présent de ces événements. Pendant les deux années qui ont suivi, l’homme distribuera L’Aisne nouvelle, un tout nouveau journal de résistance, dans le secteur.
Un sujet longtemps tabou
Parmi les résistants tués ce jour-là, Serge Gentien, 20 ans, avait suivi son père dans le maquis.
Ce dernier, Clément Gentien, survivra à une balle dans le cou. Laissé pour mort, il ne décédera qu’en 1968. Leur histoire a marqué leur famille pour des décennies. « C’était tabou, explique Jocelyne Gentien, leur descendante. On savait qu’un frère était mort pendant la guerre mais on ignorait quand et dans quelles circonstances, personne n’en parlait dans la famille. »
Aujourd’hui, le devoir de mémoire a pris le pas sur la douleur. « Le devoir de mémoire, c’est faire en sorte que toutes les souffrances endurées n’aient pas été acceptées pour rien. Nous pouvons tous faire quelque chose pour mériter le sacrifice de nos anciens, commente le député Jean-Louis Bricout. Gardez vos forces pour lutter contre les vrais ennemis d’aujourd’hui, l’injustice, le mépris et la haine des différences. »
Un clin d’œil volontaire et assumé à l’endroit des deux élus d’Hénin-Beaumont (municipalité FN) présents à cette cérémonie.
Bonjour Francis
RépondreSupprimerOn peut imaginer la tristesse et l'émotion chez ces personnes qui se souviennent. Des souvenirs bien tristes. Il n'y avait aucune pitié dans cette guerre. Tuer ou être tué c'était comme cela...Il faut se souvenir ..Je te souhaite une bonne fin de journée
Bises
Francine