COQ HARDI

 Il est un lieu de mon adolescence que je dois vous conter. Il m’est impossible de ne pas vous raconter ce petit bout de paradis qui m’a vu, jadis, explorer toute ma jeunesse et celle de mes amis.

De la place de la Poterne, il faut commencer à monter dur. Si vous voulez y aller, il vous faut du courage sinon renoncez mais alors vous ne connaîtrez pas. A l’époque je montais à vélo et bien souvent mes jambes n’étaient pas assez fortes pour m’emmener en haut tellement la pente était dure. Vous passez devant un immeuble en longueur dans lequel logeait mon camarade Charles. Tu te souviens Charles? Plus loin, c’est la tour du fort, toute mon enfance cette tour… Je m’ y arrêtais pour regarder les ados du club du « vieux manoir » restaurer cet illustre château des Ducs de Guise. Mais mon objectif n’était pas là…moi, c’était le Coq Hardi. La pente est moins pénible après le fort. Trois fois par semaine , j’y montais…Pour les entraînements et pour les matchs.
Oui, le Coq Hardi c’est mon terrain de football, le théâtre de mes exploits et peut être le terrain qui m’a fait perdre la jeune fille que je m’étais promise. Parfois c’est difficile de retrouver sa mémoire mais ces souvenirs ils nous sont communs et en pensant au fort, le chemin qui monte au stade et ce petit chemin de traverse dans lequel j’aurais aimé m’isoler avec elle sans l’oser, ils  sont gravés dans mon coeur.
Il ne faut plus penser qu’au stade et à elle. Je suis certain qu’elle aussi, elle y pense avec émotion…et puis un jour, elle n’est plus montée avec moi, elle est restée place de la Poterne.
Aujourd’hui, je suis content car elle accepte de monter jusqu’au fort en pensée et j’en suis content…et puis moi, je ne joue plus au football maintenant !
Des hommes ont vécu leur passion du football ici et je les vois encore évoluer … ils ne sont plus là pour me lire mais que leurs enfants sachent que je pense à ces footballeurs guisards qui m'ont accompagné dans mon sport ...Bébert … Clément...