A Guise, la fin de l'été rimait avec pommes de terre...Pour se faire de l'argent de poche, les jeunes guisards faisaient le siège des agriculteurs pour obtenir une place de ramasseur de pommes de terre.
Je me souviens de ma dernière campagne de ramassage...Le cultivateur avait ses champs à Villers les Guise. Il venait en ville nous chercher avec son tracteur et sa remorque. Au petit matin nous grimpions dans la remorque et nous faisions le tour de la ville avec le tracteur...quand tout le monde était embarqué le véhicule se dirigeait vers Villers...Arrivés au champs, chacun se voyait attribué un secteur de ramassage...c'est le contremaitre qui était à la manœuvre...il arpentait à grand pas les routes de pommes de terre, plantant des piquets pour nous donner les limites de notre secteur. Parfois certains râlaient car ils trouvaient que leur territoire n'était pas assez grand...le contremaitre ignorait les revendications et passait sans un mot.Puis le tracteur et sa herse passait dans le champs sur notre route et retournait la terre laissant apparaitre les pommes de terre...Nous nous jetions sur ces légumes pour remplir les sacs de 50 kg que le contremaitre nous avait donné.
J'aimais cette tâche...à genoux dans la terre je grattais la terre à la recherche de la moindre tubercule qui représentait pour moi un vrai trésor....comme des pépites d'or !!!
Ma route nettoyée, les pommes dans un sac, j'attendais le retour de la herse...
A la fin de la journée, le contremaitre passait et inscrivait sur un petit calepin le nombre de sacs de 50 kg que nous avions remplis. A la fin de la semaine nous devions revoir le contremaitre pour la paye!!!
Mais ce que je préférais le plus dans ces journées de ramassage, c'était la pause du midi...J'avais mon repas avec moi...un jambonneau pour moi tout seul avec un bon bout de pain...ça suffisait à mon bonheur!
La paye était un vrai rituel...nous passions un par un devant le contremaitre...il nous connaissait et à notre vue, il consultait son petit carnet sur lequel il avait additionné nos sacs...le calcul était simple...le nombre de sacs multiplié par cinquante centimes et l'argent de poche était "in the pocket" !!!
Voilà à quoi nous occupions nos journées pendant nos vacances ...
Quelques années plus tard je ramassais les douilles de munitions au champs de tir de Belfort....
Aujourd'hui, en croisant des remorques de pommes de terre, je vois le beau gros visage du contremaitre...il me sourit toujours... avec bienveillance comme dans le temps...je l'imagine arpentant les routes du champs...comptant mes sacs à cinquante centimes...
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