Le chef de centre Patrick Talon raccrochera le casque dans quelques mois tout comme deux autres de ses collègues. Les pompiers vont amorcer le virage du renouveau.
Aussi fidèle à sa moustache qu’à sa caserne, Patrick Talon commande le centre de secours depuis 24 ans. Avec au compteur 44 ans de service sous le casque, le chef de centre attend la quille, plus que quelques mois avant de tourner la page de toute une vie d’abnégation et de partage. En 2018, il mettra fin à cette longue et belle carrière de sapeurs-pompiers volontaire et à son commandement qu’il juge « ingrat et compliqué ».
Patrick Talon partira en 2018, son adjoint Roger Michaux (41 ans de service) qui préside également l’Union des sapeurs-pompiers de l’Aisne lui en 2017, tout comme l’employé Jean-Pierre Charpentier (39 ans de service) qui fait partie du personnel administratif et technique. C’est donc toute un pan de la caserne qui tombe, reste à assurer la relève. Pas si simple. « Pour le centre de secours, les prochains mois vont être un grand tournant avec ces départs à la retraite. »
Une gestion au jour le jour voire heure par heure
Diriger du personnel volontaire reste une situation délicate. « Il faut s’adapter à la disponibilité du personnel. Il arrive d’être juste ou au contraire trop nombreux. C’est une gestion au jour le jour voire heure par heure car les volontaires ont des impératifs professionnels et personnels qu’il faut gérer », explique Patrick Talon. Pour ces raisons, le centre donne la priorité à des pompiers de Guise de manière à être le plus réactif possible vis-à-vis des secours.Une cinquantaine de personnes se relayent jour et nuit toute l’année, dont seulement cinq femmes. « C’est une bonne équipe motivée et appréciée de la population qui répond toujours présent », se félicite le commandant Talon.
L’homme voit rouge en avril 1973. À 63 ans, cet ancien cadre de chez Général Electric de Saint-Quentin découvre l’univers des pompiers étant adolescent. Il devient alors volontaire et c’est naturellement qu’il effectue son service militaire dans ce domaine. « J’ai passé tous les grades et j’ai suivi toutes les formations jusqu’à celle de chef de colonne, le premier de l’Aisne à valider cette formation. ça va faire 44 ans que je suis sapeur-pompier. »
De toute cette vie dédiée à l’autre, le commandant ne peut se résoudre à accepter la mort. « J’ai vécu beaucoup de choses, je suis allé sur beaucoup d’interventions. Les années 80 étaient synonymes d’accidents de la route et de la mort des jeunes le samedi soir. Heureusement, il y a eu beaucoup de progrès des véhicules. Je me souviens aussi de beaucoup de voitures écrasées contre les arbres en bordure de route. On rentre chez soi avec et on essaye de s’endormir avec ça. »
Modeste, Patrick Talon associe le travail de toute une équipe quand les vies peuvent être sauvées. « L’important, c’est l’esprit d’une équipe soudée. Je me souviens avoir contribué à sauver des enfants tombés à l’eau, qu’on a secourus et réanimés, c’est formidable et ça vous marque. Il faut pouvoir prendre les bonnes décisions et très rapidement, c’est parfois compliqué vis-à-vis de certaines situations. »
La relève par les Jeunes sapeurs
En termes d’effectif, le gradé dit « accepter toutes les bonnes volontés mais il faut avoir de la disponibilité et habiter Guise » insiste-t-il.Le meilleur vivier de la relève est puisé chez les Jeunes sapeurs-pompiers. Chaque samedi matin, ils sont une vingtaine à être initiés aux bases de cette activité. « L’objectif, c’est de les amener jusqu’au brevet au bout de quatre ans pour les retrouver comme pompiers volontaires avec des délais d’intégrations courts. »
Patrick Talon ne s’inquiète pas de la relève, il a juste quelques doutes sur sa succession. Qui pour lui succéder et diriger l’équipe ? Il ne voit pas non plus l’intérêt d’une direction professionnelle. Il a encore un peu de temps pour y penser et anticiper au mieux cette passation de pouvoir.
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