Les agriculteurs essuient une récolte désastreuse. Ses conséquences économiques s’étendent au-delà de leur exploitation. Comment réagissent les concessions agricoles ?
Les moissons se terminent. Les rendements de cette année ont quasiment été divisés par deux et les agriculteurs reportent la plupart de leurs investissements, faute de moyens. Un choix économique qui impacte aussi les concessions agricoles.
Dans l’entreprise David SA de Guise, entreprise familiale depuis 100 ans, mécaniciens et commerciaux sont à pied d’œuvre. La société compte 130 salariés répartis sur 7 sites : deux dans le Nord et cinq dans l’Aisne. « Notre activité principale est le négoce de matériel agricole, la réparation », explique Sarah Doyen, responsable de la communication.
La société compte parmi ses quelque 3 500 clients des éleveurs et des céréaliers. « Cela fait plus de deux ans que les éleveurs sont en difficulté et cette année c’est au tour des céréaliers. Là où un exploitant obtenait 100 quintaux habituellement, il en a récolté environ 50 cette saison. »
Réparer pour économiser
Des récoltes qui diminuent les entrées financières et ne permettent pas le renouvellement des machines. « La plupart des agriculteurs sont en déficit », note la responsable de la communication. Et avec la modernisation de l’agriculture, le matériel évolue et son prix augmente. Il faut compter en moyenne 250 000 € pour une moissonneuse-batteuse et environ 90 000 € pour un tracteur de 160 cc, alors on s’attend à un repli des ventes chez David SA.
Dans l’atelier, les tracteurs attendent le soin des mécaniciens. Jean-François David, responsable du SAV, constate peu de grosses casses de machines, mais concède que les réparations sont aussi coûteuses pour les agriculteurs : « Il faut trouver des solutions pour réduire les coûts. Par exemple, si un client vient pour un problème de courroie d’une presse -la machine en compte trois- on essaie de la réparer. Il faut savoir que ce type de courroie de parfois plusieurs mètres de long peut coûter environ 3 000 €. Si les frais sont toujours trop élevés ou si le changement est inévitable, on essaie d’obtenir des crédits ou de proposer d’autres moyens pour faciliter le paiement. »
Entreprise à taille humaine
Dans les concessions de plus petites tailles, on estime que l’impact de la mauvaise saison sera moins important, comme dans la concession Maréchalle de Sains-Richaumont. L’entreprise, créée en 1874, compte quatre agences dans l’Aisne et emploie une trentaine de personnes. À Sains-Richaumont, les ventes sont bien moins fréquentes que les réparations.
Un employé confie : « On est une entreprise à taille humaine. Dans cette agence, certains clients nous considèrent un peu comme le vendeur d’électroménager du coin, ils viennent pour du dépannage, des réparations plus que pour l’achat de gros matériel. »
Les clients sont aussi issus de l’élevage et de la culture. « Les cultivateurs qui ont de grosses exploitations ont pour la plupart renouvelé leur parc sur ces cinq dernières années. Notamment depuis la loi Macron. »
« Les échéances tombent cette année »
Cette loi permet entre autres « aux entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu selon un régime réel d’imposition de déduire de leur résultat imposable une somme égale à 40 % de la valeur d’origine des biens hors frais financiers, affectés à leur activité et qu’elles acquièrent ou fabrique à compter du 15 avril 2015 et jusqu’au 14 avril 2016. »
Le salarié poursuit : « Pour beaucoup d’entre eux, les échéances tombent cette année. Au mauvais moment, vu les récoltes. »
Plusieurs cultivateurs lui ont confié vouloir diminuer les intrants et produits phytosanitaires pour limiter les dépenses.
http://www.aisnenouvelle.fr/region/thierache-avec-les-mauvaises-recoltes-des-ia16b109n409988
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